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Triennale d'art d'Echigo Tsumari 2018

La triennale d’art d’Echigo-Tsumari est un des plus prestigieux festivals d’art international. Il se tient tous les trois ans depuis 2000 à Echigo-Tsumari dans les environs de la ville de Tsunan (municipalité de Tokamachi, préfecture de Niigata).

Territoire connu pour ses hivers rudes et enneigés, la ville de Tsunan se caractérise par un dépeuplement et un vieillissement de la population. Le mode de vie satoyama[1] encore très présent établit un fort ancrage avec la terre à travers l’agriculture et fonde notre ambition sur l’idée que l’homme est enveloppé par la nature. À travers l’art, nous espérons faire émerger de la terre l’ensemble des valeurs qui y sont enfouies, transmettre au monde leur éclat afin d’envisager une renaissance du territoire. Lors de la dernière édition en 2015, 520,000 visiteurs ont fait le déplacement dans une région qui habituellement ne compte que 60,000 habitants.

Alors que nous sommes confrontés à une véritable crise environnementale, il nous apparaît que l’art, à l’image des fresques d’Altamira et Lascaux, est un moyen de connecter l’homme avec la nature et la civilisation. Le modèle du festival d’art régional inspiré par Echigo-Tsumari ne se limite désormais pas au Japon mais commence à se développer sur de nombreux territoires en Asie et dans le monde.

Au moment de concevoir le festival, son Directeur Général M. Fram Kitagawa, fut influencé par les projets artistiques régis par le concept français de décentralisation. Ainsi, nous entretenons des liens particulièrement forts avec la France, notamment avec le modèle de l’Estuaire de Nantes qui s’appuie grandement sur l’expérience d’Echigo-Tsumari. La France était par ailleurs un des premiers pays à reconnaître le caractère visionnaire de notre festival et est un des pays étrangers les plus représentés dans la programmation.

Ainsi, ce n’est pas moins de neuf artistes et architectes français qui participent à cette septième édition. Adel Abdessmed, Christian Boltanski, Nicolas Darrot, Mounir Fatmi, Olga Kisseleva, Emma Malig et Barthélémy Toguo investissent des maisons abandonnées, des écoles fermées, des sanctuaires, des rues commerçantes et des hameaux pour y déployer des œuvres in situ. La participation de Dominique Perrault Architecture, new-territories/Francois Roche fera l’objet d’une exposition spéciale: Hojoki Shiki en 2018 – L’univers de 4 tatami[2] et demi.

La triennale d’art d’Echigo-Tsumari s’épanouit sur un territoire immense de 760 km2 sur lequel sont répartis 380 œuvres réalisées cette année ou lors d’éditions précédentes. Nécessitant un parcours en voiture, deux circuits ont été prévus cette année. Ils permettent d’admirer les œuvres principales et de profiter de mets savoureux, typiques de la région, à l’occasion d’un déjeuner spécial.

Rei MAEDA, coordinatrice, Art Front Gallery
Rei MAEDA
Coordinatrice, Art Front Gallery

[1] Concept typiquement japonais qui désigne le mode de vie de personnes vivant en communion avec la nature, sur des terres reculées.

[2] Le tatami est une unité de mesure qui correspond à environ 1,65 m2