Foued LaroussiSylvain DeteySteeve MercierOlivier Massé

L’Institut français du Japon – Tokyo est heureux de vous inviter, le lundi 2 mars 2015 de 19h00 à 21h00 à l’Espace images, à une série de conférences suivie d’une table ronde sur les apports de la sociolinguistique à l’enseignement / apprentissage du français langue étrangère. Une belle occasion de pouvoir rencontrer des spécialistes du domaine et de leur poser vos questions. Venez nombreux !

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Intervenants

  • Foued Laroussi, professeur de sociolinguistique à l’Université de Rouen, directeur du laboratoire Dysola 4701 (France)
  • Sylvain Detey, maître de conférences en sciences du langage, SILS, Université Waseda (Japon)
  • Steeve Mercier, professeur à l’Université Laval, chargé de cours, chargé de missions internationale (Canada)
  • Olivier Massé, responsable d’ingénierie de formation pour l’IFJ-T, co-auteur de la méthode de FLE Interactions (éd. Clé Int., 2013/14) sera modérateur de la table ronde (Japon)

 


Foued LAROUSSI

Intervention : L’apport de la sociolinguistique à l’enseignement du FLE: de la variation linguistique à l’écriture électronique

Résumé :

Foued LAROUSSIDepuis l’avènement de la sociolinguistique – variationniste en particulier – insistant sur la nécessité de ne pas dissocier l’étude du langage des situations sociales où il est produit et de considérer la variation comme une propriété fondamentale des langues, de nombreux chercheurs ont, d’abord dans la perspective d’une sociolinguistique scolaire (surtout les travaux des sociolinguistes de Rouen et de l’INRP), puis, plus récemment, d’une sociodidactique (Dabène (1996), Rispail (2006), Blanchet (2007), Penloup (2012)… , plaidé inlassablement pour une didactique variationniste dont je rappellerai les principaux fondements et enjeux.

En revenant forcément sur un débat qui a longtemps occupé la sociolinguistique, celui des rapports entre norme et variation, il convient de passer en revue entre autres les points suivants:

  • une langue par définition est un objet non figé mais évolutif, dynamique et hétérogène ;
  • l’hétérogénéité ne justifie pas l’erreur, pour ne pas dire la « faute » grammaticale, syntaxique ou autre ;
  • pourquoi une telle didactique n’a pas réussi pour autant à bien pénétrer l’école ? Il s’agit d’analyser les résistances (qui sont d’ordres divers) opposées à la notion de variation. Ce constat se vérifie peut-être davantage pour ce qui est de l’écrit. Pourquoi la variation est-elle systématiquement rejetée dès lors qu’elle déborde les seuls registres de langue ?

La révolution numérique, qui a engendré une variante spécifique du français écrit, le « français électronique », suffisamment stable pour être considérée comme une variété à part entière, nous permet-elle d’aborder la question de l’enseignement de la variation autrement ? C’est ce que je tenterai de montrer.

Références :

  • Blanchet P., 2007, « Légitimer la pluralité linguistique », Lambert P., Millet A., Rispail M., Trimaille C., Variations au cœur et aux marges de la sociolinguistique – Mélanges offerts à Jacqueline Billiez, Paris : L’Harmattan, pp. 207-214.
  • Dabène M., 1996, « Aspects sociodidactiques de l’acculturation au scriptural. Hypothèses et choix méthodologiques » dans Barré-de Miniac C. (éd), Vers une didactique de l’écriture : pour une approche pluridisciplinaire, Bruxelles : De Boeck.
  • Penloup M-C., 2012, « Littératies numériques : quels enjeux pour la didactique du français ? », dans Cahiers de l’ACEDLE n° 9, vol. 2, http://acedle.org/spip.php?article3366.
  • Rispail M., 2006, « Le français en situation de plurilinguisme : un défi pour l’avenir de notre discipline ? Pour une socio-didactique des langues et des contacts de langues », AIRDF, La lettre de l’association n° 38, 2006-1, pp. 5-12.

Sylvain DETEY

Intervention : L’apport de la sociolinguistique à l’enseignement du FLE : le cas des corpus oraux

Résumé :

Sylvain DETEYDepuis l’élaboration du français élémentaire (1954), les corpus oraux en français ont à la fois suivi et influencé l’évolution du champ des sciences du langage, bousculant la « linguistique de fauteuil » et soulignant l’importance des données dans la recherche bien au-delà de la seule sociolinguistique variationniste. Outre leur valeur patrimoniale (http://corpusdelaparole.huma-num.fr/), les corpus oraux enrichissent la palette des outils disponibles pour l’enseignement de la langue, renouant avec leurs origines didactiques (corpus Français Fondamental, corpus ESLO) tout en déployant l’éventail des options techniques (p. ex. corpus multimédia du CLAPI) ou méthodologiques (p. ex. apprentissage sur corpus exploré par l’équipe du CRAPEL) envisageables (pour des présentations récentes, voir le programme des journées FLORAL2014: http://projet-pfc.net/floral2014). Dans cette intervention, nous présenterons brièvement les problématiques didactiques auxquelles se rattachent les corpus oraux et illustrerons des pistes de travail possibles à travers certaines réalisations à visée didactique conçues dans le cadre du projet PFC-EF.

Références :

  • Cordereix, P. (2005). Les fonds sonores du département de l’Audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France. Le Temps des médias, 2-5, 253-264.
  • Boulton, A. & Tyne, H. (2014). Des documents authentiques aux corpus : démarches pour l’apprentissage des langues. Paris : Didier.
  • Detey, S. (2010). Normes pédagogiques et corpus oraux en FLE : le curseur apprenabilité / acceptabilité et la variation phonético-phonologique dans l’espace francophone. In O. Bertrand & I. Schaffner (éds), Quel français enseigner ? La question de la norme dans l’enseignement/apprentissage. Palaiseau, Editions de l’Ecole Polytechnique, 155-168.
  • Detey, S., Durand. J., Laks, B. & Lyche, C. (éds) (2010). Les variétés du français parlé dans l’espace francophone : ressources pour l’enseignement. Paris : Ophrys.
  • Gougenheim G., Michéa, R., Rivenc, P. & Sauvageot, A. (1956). L’élaboration du français élémentaire. Paris : Didier.
  • Rivenc, P. (éd.) (2003). Apprentissage d’une langue étrangère/seconde, Vol. 3 : La méthodologie. Bruxelles : De Boeck.

Steeve MERCIER

Intervention : Les apports de la sociolinguistique à l’enseignement/apprentissage du français : le cas de la francisation des immigrants du Québec

Résumé :

Steeve MERCIERAu Québec, de chauds débats perdurent sur la question de la norme linguistique et de la reconnaissance du français québécois et de sa variation. Le débat principal concerne l’officialisation linguistique et oppose principalement deux visions : celle d’une norme endogène de prestige, le français québécois standard, et celle d’une norme exogène, également de prestige, le français de référence (voir Meney, 2010 ; Poirier, 2011). Un second débat découle du premier, qui n’est pas moins virulent, concerne bien évidemment l’enseignement du français, et en particulier le français que doivent enseigner les professeurs de francisation des immigrants. La grande question est alors de définir la place du français québécois à l’intérieur de programmes de formation prescriptif et dans les classes de francisation (Miriam Rodriguez, conseillère pédagogique de francisation – communication personnelle). À l’heure actuelle, les professeurs de francisation sont déchirés autour de la question : certains mettent à l’avant-plan le français de référence alors que d’autres valorisent une approche de type sociodidactique (voir Dabène, 1990 ; Cortier 2007) et souhaitent donner la priorité aux valeurs et modèles reconnus dans la société québécoise, tout en se souciant malgré tout de l’efficacité de la communication avec l’ensemble de la francophonie.

Dans cette intervention, après avoir présenté le débat principal mentionné ci-dessus et ses impacts sur l’officialisation linguistique et sur l’enseignement du français en général, je montrerai en quoi une approche sociodidactique pour l’enseignement/apprentissage du français langue seconde/étrangère au sein notamment du programme de francisation des immigrants du Québec gagnerait à être mieux connue et appliquée. Une approche sociodidactique où le français québécois fait partie intégrante de la classe de francisation favorise en effet une meilleure intégration sociale et langagière des apprenants immigrants.

Références :

  • Dabène, L., 1990, « Pour une didactique de la variation », Variations et rituels dans la classe de langue, CREDIF-Hatier.
  • Cortier, C. , 2007, Didactique du français, le socioculturel en question, Symposium du 10e colloque international de l’AIRDF, Villeneuve D’Ascq.
  • Meney, L. 2010, Main basse sur la langue. Idéologie et interventionnisme linguistique au Québec, Montréal : Liber.
  • Poirier, C. 2011, « Quand une théorie est bâtie comme un château de cartes… », Argument 13/2, pp. 166-170.

 

 

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  • 2015-03-02 - 2015-03-02
  • 19:00 - 21:00
  • Institut français du Japon - Tokyo, Espace images
    〒 162-8415
    15 Ichigaya-funagawara-machi, Shinjuku-ku Tokyo